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Discours : Contre l'offensive anti-trans : RIPOSTE TRANS ET FEMINISTE !

Publié par Transistor Il y a 2 mois ()


Nous sommes le 26 mai 2024. Aujourd’hui, voilà 45 jours que les républicains ont déposé au sénat le projet de loi visant à réguler l’accès aux transitions des mineurs trans. Il y a 4 jours, la commission du sénat validait le texte de loi. Nous voilà à 2 jours du premier examen au Sénat. Nous voilà à 45 jours de la sortie du livre “Transmania”, complet tissus de mensonge, véritable appel à la haine et au lynchage à l’encontre des personnes trans, numéro 1 des ventes encore aujourd’hui. Livre médiatisé et soutenu par de nombreuses personnalités politiques d’extrême droite, pour ne citer que Zemmour ou Marion Maréchal Le Pen.

Cela fait quelque temps déjà que l’intensité de la transphobie augmente : nous atteignons peu à peu un summum. Nous sommes attaqués de toute part, et c’est l’accès au soin et sécurité des personnes trans qui est menacé :


Nos parcours de soin sont déjà difficiles. L'accès à ces parcours est déjà, aujourd'hui, en grande partie contrôlé par des associations comme FPATH (aussi connu comme Trans Santé ou encore par le passé SOFECT), qui nuit aux personnes trans en ralentissant nos parcours et en les conditionnant à des mesures précarisantes et humiliantes. Les hormones sont difficiles d'accès, les opérations sont chères et mal remboursées, les médecins sont frileux quand ils ne sont pas directement hostiles. Ce parcours, considéré comme le parcours de transition officiel par le corps médical et l’état, est tenu par une association de médecins : la FPATH est une association savante régie par la loi 1901, au même titre que nous, Transistor. Pourquoi, pourquoi les suivis médicaux des personnes trans sont relégués à ceux qui veulent systématiquement nuire aux personnes trans ?

Adopté en commission au sénat, le projet de loi revient sur la volonté d’interdire les bloqueurs de puberté aux mineurs : il s’agirait maintenant des les conditionner à un suivi médical de deux ans dans des établissements conventionnés comme ceux de la FPATH, ainsi que je cite « la vérification par l’équipe médicale de l’absence de contre-indication comme de la capacité de discernement du patient ». Deux ans, c’est très long ! Demandez aux trans autour de vous : deux ans d’une puberté qu’on ne désire pas, ça traumatise ! Les bloqueurs, eux, n’engendrent pas de séquels : ces traitements sont réversibles, et permettent aux enfants trans de vivre plus sereinement : on constate dans cette population sous bloqueur une diminution des tentatives de suicide. Notons d’ailleurs que ces mêmes bloqueurs sont déjà prescrits aux enfants cisgenres, c'est-à-dire non trans, dans le cas de puberté précoce par exemple.

Rappelons aussi que les mineurs suivis médicalement en France pour transition de genre sont très peu nombreux : 295 en 2020 selon un rapport de la H.A.S (Haute Autorité de Santé) publié en 2022. Quelques un recevaient des bloqueurs de puberté, très peu avaient accès aux chirurgies, seule la mastectomie étant accessible avant 18 ans de toute façon, sous couvert de l'accord préalable des médecins ainsi que des responsables légaux, sans oublier bien sûr celui du jeune d'au moins 16 ans qui aura dû suivre plusieurs années de suivie médicale. C'est à peine une poignée de jeunes qui y a accès.

Si la loi passe, les bloqueurs seraient donc conditionnés à un suivis médical et psychiatrique de deux ans dans une infrastructure conventionné par l’État, toutes les chirurgies seraient interdites sur les mineurs (inclus la mastectomie), la directive de Blanquer incitant l’usage des prénoms et pronoms choisis par l’enfant dans les établissements scolaires serait également supprimée. Tout manquement à ces règles serait réprimé d’une peine de deux ans d’emprisonnements et 30 000 € d'amendes ainsi que la peine complémentaire d'exercer pendant dix ans ou plus. L’objectif est clair : obliger les mineurs trans à se cacher jusqu’à leur majorité et dissuader les médecins de les prendre en charge.

Notons l’hypocrisie d’ignorer que les chirurgies sexuelles sur les mineurs, ce sont d’abbord des cis dyadiques qui les commètent à travers des chirurgies de je cite “normalisation” sexuelle sur les nouveaux-nés intersexes, sous l’incitation des médecins auprès des parents apeurés, même lorsque cela n’est pas nécessaire pour la santé de l’enfant.


Ces attaques de la droite et de l’extrême droite ne s’arrêteront pas là : les attaques contre la liberté de chacun et contre les droits reproductifs commencent toujours par les populations les plus discriminées et les plus marginalisées. En réalité, l’offensive anti-trans est une partie d’une offensive plus globale, d’une offensive profondément conservatrice et moralisatricen profondément transphobe, misogyne, putophobe, raciste xénophobe et validiste. Aux États-Unis, l'interdiction des transitions des mineurs a rapidement été suivie par l'interdiction de l’IVG dans 14 États. En France déjà, nous pouvons voir les attaques contre le Planning Familial se multiplier. Nous dénonçons aussi l’hypocrisie d’un État qui instrumentalise les lgbtphobies pour justifier son idéologie raciste et coloniale tout en proposant lui-même des projets de loi lgbtphobes et racistes.

Pour défendre les droits et la sécurité des enfants trans, leurs parents, leurs médecins (s’ils ont la chance d’en avoir un à l’écoute !), contre l’institutionnalisation des thérapies de conversion et la psychiatrisation de nos identités, pour le droit à l’autodétermination , contre l’offensive médiatico politique transphobe, pour protéger les droits reproductifs de toute personne et la liberté de chacun à disposer de son corps…. Aujourd’hui, nous sommes réunis, unis contre ces discours rétrogrades et contre la montée du facisme !

Nous revendiquons une transition dépsychiatrisée, libre et gratuite, ouverte aux mineur·es. Notre mouvement va lutter acharnement pour un changement d’état civil libre et gratuit sur simple demande en mairie et à terme, la fin de la mention de sexe à l’état civil.

Mais également :

  • L'accès à la PMA pour toutes les personnes trans
  • L'arrêt des mutilations sur les enfants intersexes
  • Des moyens massifs pour les services publics afin d'assurer l'accès réel à l'IVG, aux transitions et à la contraception.
  • Une éducation aux questions de genre, de sexualité et de relations affectives prise en charge par les travailleurs-es de l'éducation, de la santé, ainsi que par les associations queer et féministes
  • L’abrogation de toutes les lois répressives : loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, loi immigration, loi de pénalisation du client du 13 avril 2016, sécurité globale, et l’amnistie de tous les réprimés du mouvement de solidarité avec la Palestine

Nous dénonçons le plan de lutte "anti-prostitution" annoncé par Aurore Bergé le 2 mai 2024. Il vise à renforcer la loi pénalisation client du 13 avril 2016, et a déjà des conséquences matérielles sur les travailleur’euse’s du sexe les plus marginalisé.e.s d'entre nous (notamment les personnes sans papières). Il prévoit parmi ses 25 mesures une implication accrue des commissions départementales dédiées ou encore un renforcement des actions prises contre les "prétendus salons de massage abritant la prostitution". Cela donne lieu à une augmentation des contrôles d'identités des TDS qui si elles sont sans papières reçoivent ensuite une OQTF.

Nous critiquons l’hypocrisie d’un État proxénète qui, tout en engrangeant le quart des revenus générés par le travail du sexe, est non seulement incapable d’assurer la protection, l’accès aux droits élémentaires et la sécurités des travailleurs et travailleuses du sexe, mais aussi qui les infantilise en les considérant incapables de faire leur propres choix. Nous exigeons la dépénalisation comme modèle juridique.

Nous refusons que nos proches soient considéré comme proxénète pour seule raisons qu’ils sont nos époux et épouses, compagnons, ami’e’s, colocataires… La loi pénalisation client de 2016 nous isole et nous précarise, nous empêchant d’avoir accès aux soins médicaux et à des logements stables tout en criminalisant notre entourage. Cette loi, au lieu d’aider à la sortie de la prostitution, nous enfonce dans la précarité.


Nous dénonçons les atrocités qui se produisent en ce moment-même à Gaza et à Rafah. Nous dénonçons ce massacre et la complaisance des gouvernements face au génocide du peuple Palestinien. Nous sommes solidaires avec Charente Palestine Solidarité et nous apportons notre solidarité aux victimes de violences policières et racistes, au mouvement pour Nahel, mais aussi à Angoulême à la famille Camara, au collectif Alhoussein et la communauté guinéenne. Nous dénonçons le processus de recolonisation de la Nouvelle Calédonie décrite comme je cite “reconquête” par le GIGN, en complète opposition au droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple Kanak.

Nous demandons à tous les collectifs, toutes les associations et les syndicats, les antenne de partis politiques de gauche local de continuer à nous apporter leurs soutiens, car ce combat nous est communs : ils s’attaquent aux droits des personnes trans, aux droits des travailleurs et travailleuses inclus les travailleurs et travailleuses du sexes, de l’éducation et des soignants, le droits des personnes migrantes et / ou sans papiers.

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