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Trans Day Of Remembrance 2023

Publié par Transistor Il y a 6 mois ()


Bonsoir tout le monde,
Nous voilà réunis en ce jour pour la Journée du Souvenir Trans, ce 20 Novembre, pour rendre hommage et honorer nos adelphes trans morts cette année.

Peut-être que pour certains d'entre vous, c’est votre première année, ou votre cinquième. Pour le collectif transistor, c’est notre troisième année, pour moi c’est la neuvième année.

Le jour du souvenir trans a été créé en 1999 pour rendre hommage à Rita Hester et Chanelle Pickett, deux femmes trans noires qui sont mortes en 1998 dans l’indifférence la plus totale. Depuis, plusieurs collectifs et associations recensent d’année en année chaque personne trans dans le monde morte à cause de la transphobie. Ce rassemblement est pour eux, mais aussi pour nous.

Parce que pour beaucoup d’entre nous, c’est aussi ça être trans. Bien sûr, c’est le questionnement, la transition, les hormones, mais ces choses-là ne sont que la surface. C’est la seule partie que les personnes cisgenres voient. Être trans, c’est aussi être en deuil chaque année pour tout le reste de sa vie.

Chaque fois qu’une personne trans meurt sous le coup de la transphobie, c’est toute une communauté qui a perdu un proche. C’est toute une communauté qui pleure ses morts, qui rassure ses membres, terrifiés d’être le prochain sur la liste, terrifiés d’un jour avoir à prononcer le nom d’une amie un 20 Novembre, d’avoir quelqu’un en tête au moment d’allumer une bougie.

Chaque année, ce sont de nouveaux noms qui s’accumulent, de nouveaux fantômes pour accompagner mes pas. Sophie, Vanesa Campos, Fouad, Brianna Ghey… Il y en a tant d’autres.

Aujourd’hui est un jour triste, mais c’est aussi un jour nécessaire. Parce qu’aujourd’hui, aucune personne trans n’est seule. Être trans, c’est certes être en deuil, mais c’est être en deuil ensemble. Même dans notre petite vie d’Angoulême, où être trans est loin d’être une partie de plaisir au quotidien, où des personnes trans se font violenter, insulter, virer de leur travail simplement parce qu’elles existent, nous sommes là. Nos pensées sont, tout particulièrement, tournées vers nos soeurs transfems et surtout nos soeurs transfems racisées et TDS qui sont encore et toujours les plus grandes victimes du système cis-hétéro normatif.

Aujourd’hui, je suis triste, mais je suis aussi en colère parce que les choses n’ont pas beaucoup changé depuis 1999. De 2022 à 2023, ce ne sont pas moins de 320 personnes trans qui ont perdu la vie à cause de la transphobie et ça ne choque personne. Dans une ère où notre droit d’exister est remis en question dans de plus en plus de pays, où notre accès à la transition est de plus en plus difficile, où on endosse à la fois le rôle de menace invisible et de victime idéale, je ne vois pas beaucoup d’allié.es s’insurger pour arrêter ou même évoquer ce massacre. Qui se souviendra de nous quand nous serons tous tombés ? Combien d’entre nous encore doivent mourir pour que le monde entende et écoute nos appels à l’aide ?

Quand on est trans, on ne peut réellement compter que sur sa propre communauté. Mais c’est une communauté forte et pleine de ressources. De l’institut Hirschfeld au projet de loi “Don’t Say Gay”, nous sommes toujours là, toujours fièr.es, toujours révolté.es, toujours solidaires. Pour les personnes trans qui nous rejoignent aujourd’hui pour la première fois, sachez que vous êtes entre de bonnes mains. C’est au sein de la communauté trans que j’ai rencontré ma femme, ma famille, mes amis mais aussi plein de connaissances et d’inconnu.es qui m’ont aidé; dans ma transition bien sûr, mais aussi pour plein d’autres choses. Je ne suis pas l’exception, je suis la règle. Parce que finalement, c’est ça aussi être trans. S’entraider, se soutenir, s’unir.

S’il y a des personnes cis parmi nous, des partenaires, des amis, des proches, des gens qui passaient par là, et si vous vous demandez comment nous aider, laissez-moi vous donner ce conseil : Ne détournez pas votre regard. Depuis 1999, et même depuis bien avant, les personnes trans appellent à l’aide, mais nos vécus dérangent. Affrontez-les et regardez les choses en face. Défendez-nous en public, rejoignez-nous en manifestation, donnez dans nos cagnottes, écoutez nos vécus… Mais surtout, je le répète, ne détournez pas votre regard. Nos vies sont difficiles, insoutenables même pour beaucoup d'entre nous et nous ne le savons que trop bien. Mais nous ne sommes pas responsables des horreurs inaudibles que nous subissons.

De 2022 à 2023, ce ne sont pas moins de 320 personnes trans qui ont perdu la vie à cause de la transphobie. Aidez-nous à créer un monde où être trans, ça n’est plus pleurer aussi souvent ses morts.

  • Parmi ces 320 décès, ce sont 94% sois 300 femmes trans qui sont décédées,
  • Parmi ces 320 décès, ce sont 48% sois 153 travailleurs et travailleuses du sexe qui sont décédé’e’s,
  • Parmi ces 320 décès, ce sont 80% sois 256 personnes racisé’e’s qui sont décédé’e’s,
  • Parmi ces 320 décès, ce sont 45% sois 144 réfugiés en Europe qui sont décédé’e’s.

N’oublions pas l’identité de ces personnes trans décédées au cours de cette années, ni au cours de nombreuses années précédentes qui ne font qu’augmenter ces nombres, ni non plus ignorer toutes les personnes qui sont mortes seule et / ou isolé’e’s, dans l’ignorance ou l’indifférence, que ce sois au cours de l’année en cours ou encore une fois par le passé.

Nous vous invitons maintenant à un moment de recueillement en silence, en mémoire à nos adelphes trans décédés. Nous honorerons une seconde de silence pour chaque personne trans recensée que nous avons perdu cette année, ce qui équivaut donc à un silence de 5 minutes et 33 secondes.

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