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TDS : Nous aussi méritons notre place au 1er mai !

Publié par Transistor Il y a 18 jours ()


Nous avions prévu de prononcer ce discours lors de la marche du 1er mai 2024. Malheureusement, nous n'avons pas eu le droit d'accéder à la parole : les syndicats sont trop frileux et refusent de prendre position.

Après échanges entre les organisations syndicales organisatrices de ce 1er mai, celles-ci ne souhaitent pas répondre favorablement à votre demande pour des raisons de positions syndicales.

Nous trouvons cette décision particulièrement regrettable, il est impératif de pouvoir arriver à une collaboration entre nos mouvements afin de permettre à chacun de luter contre la stigmatisation du travail et l’exploitation du capitalisme.


Bonjour à tous et à toutes,
Nous sommes le Transistor, une association d’auto-soutient entre personnes trans et / ou travailleur et travailleuses du sexe.

Aujourd’hui, je vous parle en tant que travailleuse du sexe ; nous aussi, travailleurs et travailleuses du sexe, sommes des travailleurs. Nous aussi méritons notre place au premier mai ! Nous fournissons à autrui un service, un peu comme une boulangère sert son pain et un psychologue écoute ses clients. Nous aussi, nous tenons un commerce ! Pas celui de notre corps comme les abolitionnistes aiment à le répéter, mais celui du service sexuel.

Messieurs-dames : ne nous stigmatisez pas ! Nous essayons de vivre dans un monde complexe, dans un marché du travail qui n’offre pas la possibilité à certaines personnes de pouvoir s’y intégrer pour des raisons discriminatoires : racisme, xénophobie, transphobie, validisme… Nous sommes d’honnêtes travailleurs et travailleuses, nous sommes de vos proches, de vos amis, de vos familles, nous sommes vos compagnes et vos compagnons, nous sommes des mères de famille… Nous sommes nombreux, et notre existence n’est pas une honte ; nous n’avons pas honte.
Ne nous reprochez pas l’immoralité ou la prétendue “saleté” de notre travail : ce sont des projections que vous faites de nos réalités. Nous répondons à une demande, une demande plus commune que vous ne le pensez : nos clients, ce sont vos proches, vos amis, vos pères, vos frères, vos compagnons, vos patrons, vos collègues, vos boulangers, vos chauffeurs, députés, représentants…


Nous, putes, prostitués, escorts, travailleurs et travailleuses du sexe, demandons la fin du régime abolitioniste :

  • Parce que vouloir criminaliser les travailleuses ou nos clients ne fait que créer plus d’insécurité pour nous dans nos métiers,
  • Parce que l’abolitionisme profitera toujours à perpétuer les violences envers les travailleuses et les travailleurs du sexe sans jamais en diminuer le nombre tant que notre politique économique et sociale n’aura pas changée,
  • Parce qu’en France, nous pouvons déclarer notre activité professionnelle en tant qu’auto-entrepreneur et disposons même du régime de “Service des prostitués”, mais nos clients, familles, proches amis, compagnons et compagnes sont considérés par la loi comme nos proxénètes, nous poussant à exercer un travail plus dangereux et nous forçant à l’isolement,
  • Parce que pour nous, il est plus difficile voir impossible d'obtenir un logement, car selon la loi, loger une travailleuse du sexe, c’est du proxénétisme,
  • Parce que l’État est un hypocrite qui encaisse le quart des revenus générés par notre activité tout en étant incapble d’assurer notre protection, notre accès aux droits élémentaires et notre sécurité en nous précarisant, nous infantilisant et nous considérant incapables de faire nos propres choix,
  • Parce que de Gerland à Belleville, et partout ailleurs dans la France, la police a fait le choix d’être en guerre contre nous et nos clients plutôt que de nous protéger des personnes violentes,

Arrêtons de suivre dès maintenant le schéma meurtrier de la Suède et d’ignorer les violences commises envers les travailleuses et travailleurs du sexe ! Nous demandons :

  • L'abrogation de la loi du 16 avril 2016 qui pénalise nos clients et nous pousse à travailler dans des conditions de travail d’autant plus dangereuse et insécurisantes,
  • La dépénalisation comme modèle juridique et non la légalisation. Nous ne voulons pas de maisons closes et d’une mère maquerelle qui toucherait une part de nos revenues sans même avoir à approcher les clients,
  • La fin du contrôle abusif nos collègues, des attaques des policiers contre la liberté d’exercer et la sécurité physiques des travailleuses du sexe notamment en ce moment même à Paris ou la police effectue un véritable néttoyage social en prévision des Jeux-Olympique en multiplant les contrôles d’identités et chassants les travailleuses de leur lieu d’exercice au Bois de Vincenne, à Saint Denis ou encore à Belleville. La police ne devrait pas avoir pour ennemi les travailleuses du sexe !

Nous exigeons une sécurité et une médecine du travail pour les putes, nous exigeons des retraites pour les putes ! Nous exigeons que notre travail et ses réglementations soient discutés avec nous et pas sans nous, car nous sommes celles qui exerçons ce métier !

Travailleurs et travailleuses de tous secteurs, vous qui êtes ici, nous sommes tous d’un même côté de l’engrenage. Nous devons lutter ensemble pour nos droits !

Nous voulons aussi rapidement alerter à propos de l’offensive anti-trans - vous devez avoir suivi l’actualité et constaté que, pour nous, en ce moment, c’est vraiment compliqué. Le climat politique est hostile et ce n’est pas pour alléger la peine de la transphobie et les complexités que nous pouvons rencontrer en tant que personne trans : discrimination à l’embauche, sur le lieu de travail, discrimination de salaire, difficulté de trouver un logement…
En réalité, l’offensive anti-trans est bien plus complexe que ça et ce serait réducteur de la résumer sous le spectre du travail, et je crois qu’il faut faire vite. Au sujet de la cause trans, aujourd’hui, nous ne pouvons que vous demander de vous joindre derrière l’appel à manifester du 5 mai prochain, et de nous rejoindre lors du rassemblement que nous organisons ce dimanche 5 mai à 14H sur la place Francis Louvel. Cette manifestation sera suivie d’une permanence au bêta en non mixité trans, de 15H à 18H.

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